Nous partons aujourd’hui à la rencontre de Janek Deleskiewicz, directeur artistique de la marque Jaeger-LeCoultre, c’est donc la rencontre de l’homme qui dicte et se veut le garant du style Jaeger-LeCoultre…
Bonjour Janek Deleskiewicz, vous êtes l’actuel designer des montres Jaeger-LeCoultre, comment devient on directeur artistique d’une maison de haute horlogerie comme Jaeger-LeCoultre, quel est votre parcours ?
Même si l’on sait dessiner et que l’on est designer, il est nécessaire de se remettre en question et d’évoluer au quotidien. Si Jaeger-LeCoultre a tant évolué dans les années 90 et a gagné en maturité c’est justement grâce aux efforts de tous les collaborateurs (moi-même inclus) et à la remise en question de leurs savoirs et compétences acquises soit au sein de la Manufacture soit lors d’expériences précédentes. J’ai suivi ce même cheminement afin de mettre en place un véritable bureau de design avec de jeunes designers.
En tant que directeur artistique de Jaeger-LeCoultre, une maison horlogère riche de son histoire, vous vous devez de concilier passé et présent, comment réussissez-vous cette passerelle entre les âges et quelles sont les difficultés que vous êtes amené à rencontrer ?
La Manufacture Jaeger-LeCoultre jouit d’un immense patrimoine avec 1249 calibres et environ 413 brevets déposés. Chacune des créations se réfère à l’histoire de Jaeger-LeCoultre. Nous regardons ce qui a été fait auparavant sur un modèle et sur un autre pour réexprimer de façon plus contemporaine les spécialités horlogères tout en intégrant les préoccupations de chacun de nos clients dans un monde en évolution permanente.
Nous sommes bien entendu très influencés par l’histoire de la Grande Maison et son patrimoine mais, en même temps, nous réalisons que toutes les créations de nos ancêtres ont été guidées par une nouvelle manière de considérer l’art horloger.
Comment définiriez-vous le style de la maison Jaeger-LeCoultre ? Quels éléments vous attachez-vous à conserver lors de la création d’un nouveau modèle ou d’une nouvelle collection ? Et plus généralement ou puisez-vous votre inspiration ?
Il y a plusieurs sources d’inspiration : il y a d’abord ce que l’on a déjà et ce qui existait auparavant, le patrimoine. La Manufacture jouit de plus de 180 ans d’histoire, c’est une première source d’inspiration. Le lien qui existe avec nos passionnés et nos clients en est une autre. Enfin, il ne faut pas oublier la partie subjective du designer. Chaque designer met une partie de ce qu’il a en lui dans sa création horlogère.
Nous nous attachons à conserver des éléments de codes graphiques propres à Jaeger-LeCoultre, des définitions techniques et de terminaisons comme le raffinement et la qualité qui sont sans cesse améliorés.
Le style Jaeger-LeCoultre c’est un style plutôt latin, car la Manufacture se situe à la croisée des chemins entre style parisien, genevois et celui propre à Vallée de Joux.
Comment se passe le processus de création d’une nouvelle montre Jaeger-LeCoultre ? Est-ce vous et votre équipe qui proposez de nouvelles créations ? Vous demande t-on de travailler sur de nouveaux modèles précis ? De revisiter des montres en particulier ?
Le process de création d’une montre implique tous les acteurs de la Manufacture Jaeger- LeCoultre. Depuis le design, le développement technique, les simulations virtuelles des fonctionnements, les prototypes et accessoires, les mécanismes, jusqu’au montage horloger des premières réalisations. Au total ce sont tous les départements qui sont mis à contribution.
Jaeger-LeCoultre compte des modèles icônes qui suivent une évolution naturelle : la Reverso, les montres rondes, l’Atmos. Ce sont des modèles qui évoluent au fil des dizaines d’années. Les modèles ne sont pas remis en question mais leur expression l’est.
Le rythme des créations est aussi lié aux événements : anniversaire de création, événements spécifiques soit au niveau des pays, soit au niveau de l’histoire de ces icônes. De manière générale il y a aussi un fil rouge qui ponctue précisément les créations. Même si l’élaboration semble être faite avec légèreté, rien n’est laissé au hasard, tout est parfaitement maîtrisé.
En 2012, vous lanciez la collection de montres pour femmes Jaeger-LeCoultre, la collection Rendez-vous, comment crée-t-on une nouvelle collection comme celle-ci ? Quelles ont été vos bases de travail ?
L’histoire a été notre base de travail mais également la demande de la clientèle féminine. Nous nous sommes appuyés sur des modèles historiques et sur des fonctions chéries par les femmes.
Le style Jaeger-LeCoultre est divers, parfois classique avec certains modèles des collections Master ou Reverso et parfois très racé comme avec les montres Master Extreme ou Amvox, comment réussir sur des modèles si différent à conserver l’âme de la maison horlogère ?
Ce qui est important c’est le respect des rythmes, des gens, des caractères spécifiques de chaque montre. Ce n’est pas une volonté de départ mais une conséquence et c’est récurrent dans tous les arts.
Quelles sont les modèles les plus demandés par votre clientèle ? Reverso en tête loin devant ?
Tous nos modèles sont demandés.
Jaeger-LeCoultre est une des rares maisons horlogères à avoir lancé sur son site internet une boutique en ligne, quelques mois désormais après la mise en ligne de ce nouveau canal, quels sont les résultats et est-ce un canal qui sera davantage développé par la marque durant les prochaines années ?
C’est dans l’air du temps. Nous nous devions de le faire. Les nouvelles technologies nous ont toujours intéressées que ce soit en termes de production, de développement ou encore de relations publiques.
Trois dernières questions rapides pour terminer cet entretien, quels sont vos 2 ou 3 modèles préférés chez Jaeger-LeCoultre ? Et enfin que portez-vous aujourd’hui à votre poignet ?
Mes modèles préférés chez Jaeger-LeCoultre sont la Reverso, Master Grande Tradition Tourbillon Cylindrique à Quantième Perpétuel Jubilee et l’Atmos. Aujourd’hui je porte Grande Reverso 1931 Rouge.?
Notre coup de coeur Jaeger-LeCoultre chez MagMontres, la montre Deep Sea Chronograph Cermet, plutôt jolie, non ?
